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Michel Barnier, ou l'impasse politique

Vendredi 6 septembre, 18h : Gabriel Attal passe ses pouvoirs à Michel Barnier, 1er ministre de France. 


Ça y est, après 55 jours sans gouvernement, le président a enfin fait son choix. Le plus long temps d’attente de la Vème République. C’est peut-être la fin d’une crise politique inédite.



LE CONTEXTE : 


Rappelez-vous, tout a commencé le 9 juin dernier, avec l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale. Le Nouveau Front Populaire (NFP) était alors légèrement arrivé en tête - avec 182 sièges, mais loin de la majorité absolue à 289 députés. 


Ne restait plus qu’à nommer le nouveau 1er ministre, puis le gouvernement. Mais le temps s’est alors éternisé, pendant deux mois !


QUI ?


C’est ce jeudi 5 septembre, qu’enfin, Emmanuel Macron a désigné Michel Barnier comme successeur à Gabriel Attal. Cet homme, il vient de droite, plus précisément du parti Les Républicains, créé par Nicolas Sarkozy et héritier du parti de De Gaulle.


Michel Barnier a incontestablement une grande expérience politique. En effet, à 73 ans, il a déjà été plusieurs fois ministre. Il a été commissaire européen à deux reprises (ce qui est très rare), eurodéputé, et il a également été le négociateur en chef lors du BREXIT. 


POURQUOI ? 


En effet, pourquoi ? C’est la question que se sont posés tous les français. Et il y a des indices:


“Il a de l’expérience”

C’est effectivement le plus important, Macron a besoin d’un premier ministre expérimenté. On peut voir ce choix un peu à l’inverse de Gabriel Attal, qui était très jeune. Le président, comme les français, veut du changement.


“Il est de droite”

Le président, après avoir reçu les différents groupes et partis politiques à l’Élysée, avait exprimé le souhait de ne pas nommer un premier ministre de gauche. Il faut aussi noter qu’Emmanuel Macron veut faire barrage aux extrêmes et qu’il était risqué de nommer un premier ministre issu de son propre parti. En résumé, en prenant du recul, on comprend que Les Républicains était un choix stratégique pour Macron.


“Ils sont sur la même longueur d’onde”

Barnier est présenté comme opposé politiquement au président. Mais le fait est qu'il y a beaucoup de sujets sur lesquels ils se rejoignent. Notamment les retraites où le premier ministre était carrément favorable à un départ à 65 ans (contre 64 ans pour Macron). 


Michel Barnier est aussi pro-européen, ce qui plaît beaucoup au président.


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QUELLES RÉACTIONS ?


Cette nouvelle a été accueillie très différemment selon les groupes politiques. Le bloc central (Macron) et les LR (droite), l’ont plutôt bien reçu, en soulignant sa grande expérience et ses qualités. 


Le NFP (gauche), a mal accueilli cette nouvelle. En effet, ce sont eux qui sont arrivés en tête des législatives. Selon eux, si Macron avait souhaité respecter le vote des français, il aurait nommé quelqu’un de leur rang, comme Lucie Castet, qu’ils proposaient. Ils accusent ainsi le président d’un “déni de démocratie” et de “non-respect du vote des français”. Une manifestation nationale a été organisée ce samedi 7 septembre.


Le RN, quant à eux, sont plus discrets et préfèrent attendre le discours de politique générale pour se prononcer - c’est une sorte de tradition que fait le premier ministre pour se présenter, lui et son programme. 



ET APRÈS ?


Michel Barnier commence à nommer les membres de son futur gouvernement, il a notamment reçu Elisabeth Borne et les ténors de la droite. Il est même ouvert à “des gens de gauche. Mais une chose pourrait bien contrecarrer ses plans. Et c’est la MOTION DE CENSURE. 


En effet, si elle est votée par au moins 289 députés (majorité absolue), elle obligera Michel Barnier à démissionner, lui et son gouvernement, et au président à désigner un nouveau 1er ministre. Bref, un retour à zéro.


Mais il y aura-t-il 289 députés pour la voter ? Le NFP a déjà annoncé déposer et voter cette motion de censure. Nous sommes donc à 182 députés. 


Ce n’est pas assez, les LR et le bloc central ne devraient logiquement pas la voter.


Mais c’est bel et bien le RN qui pourrait faire pencher la balance. Si, suite au discours de politique générale, ils décident que Michel Barnier ne représente pas assez leurs valeurs, ils pourraient voter la motion de censure. 


A ce stade, il y aurait un total de 308 sièges, soit largement assez pour mettre à la porte Michel Barnier. C’est bien évidemment la crainte du centre et du président. D’autant que cela inquiète, car cette issue est autant probable que les autres. Jordan Bardella affirme par ailleurs que “rien ne peut se faire sans nous”.


Mais le président savait, en nommant Barnier, que son sort reposerait sur le RN. C’est pour cela que la gauche l’accuse de faire une sorte d’alliance indirecte avec le Rassemblement National. Selon eux, Macron a donné le dernier mot à l’extrême droite, alors qu’il cherche à faire barrage aux extrêmes.



UN RÉSUMÉ ?


En résumé, Macron a choisi Michel Barnier, un homme de droite expérimenté, comme 1er ministre. Mais si cela satisfait le centre et la droite, ce n’est pas le cas de la gauche, arrivée en tête des législatives. 


Elle accuse le président de ne pas respecter le vote des Français en nommant quelqu’un issu de droite. Le RN quant à lui, attend un peu pour se prononcer. 


En somme, Michel Barnier devrait normalement constituer un gouvernement. Mais il risque la motion de censure, c'est-à-dire de se faire mettre à la porte par 289 députés qui la voteraient. La gauche a déjà annoncé voter la censure (182 députés). 


Le sort de Michel Barnier repose donc sur le Rassemblement National. En effet, si ces derniers rejoignent la gauche, ils seraient assez (308 députés) pour le pousser à la démission.


Le positionnement du RN reste donc crucial pour l’avenir du futur de gouvernement. 


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